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À 5 pieds, Yvon Tremblay était le plus haïssable sur une patinoire!

Par Jean-Claude Leclerc, blogue «Muffin et Café»

Ma visite hebdomadaire à la Résidence Seigneur Lepage m’a conduit en territoire connu et il s’en est suivi un beau partage de souvenirs avec M. Yvon Tremblay, 85 ans, que j’ai eu le plaisir de voir jouer au hockey durant sa jeunesse, à l’époque où il défendait les couleurs de la ville qui l’a vu grandir: Matane!

Lorsqu’on parle de M. Yvon Tremblay – pour celles et ceux qui l’ont vu jouer – le verbe «grandir» est plutôt mal approprié puisqu’il a une taille de 5 pieds et pèse tout au plus 150 livres «mouillé», comme on dit. M. Yvon se rappelle que malgré son petit gabarit, il n’a jamais eu peur de personne sur une patinoire. «Au contraire, ajoutera-t-il, j’étais le joueur le plus haïssable!»

Si je me rappelle de la fougue de Yvon, je me souviens également de l’un de ses frères, Raymond, que les sportifs ont bien connu en tant que lanceur au baseball. Dans le cadre de son emploi (il travaillait dans un moulin à bois à Cap-Chat lorsqu’il s’est blessé), il a perdu l’usage de quatre doigts d’une main, mais poussé par le courage et la détermination, il a appris à lancer de l’autre main pour devenir l’un des très bons lanceurs de la région. C’était aussi ça, les frères Tremblay, en tant qu’athlètes!

Yvon est issu d’une famille de 9 enfants, soit cinq garçons et quatre filles. Tout a toujours paru facile pour lui, un athlète naturel. Un gars habile dans tout ce qu’il entreprenait.

Après ses études à l’École des métiers, il a quitté Matane pour Murdochville où il pouvait travailler pour gagner sa vie et partager sa passion pour le hockey, le meilleur des deux mondes. «Je me considérais privilégié, dit-il en riant, puisque mon boss, lui aussi, jouait au hockey. Mes oncles étaient mes plus fidèles partisans. Comme je te le mentionnais, j’étais détestable sur la patinoire. J’ai toujours été agressif dans tous les sports que j’ai pratiqués, que ce soit la balle, le hockey, le tennis et le golf. J’aime la compétition.»

Son travail l’aura toutefois obligé à parcourir toute la région, à Matane bien sûr, à différents endroits en Gaspésie et durant quelques années à Rimouski.

Mentionnant que la vie a été bonne pour lui, Monsieur Yvon parle avec beaucoup de fierté de ses trois enfants: Yves, Julie et Marie-Josée, et de ses six petits-enfants, tous installés à Rimouski.

C’est en grande partie ce qui a amené les enfants à prendre la décision de déménager leur père ici, à Rimouski, en résidence, pour des raisons de sécurité et pour le rapprocher de sa famille. «Ma nouvelle vie à Rimouski n’a pas été facile, commente-t-il. Se faire un nouveau cercle d’amis, me retrouver en résidence avec 160 autres personnes, moi qui suis plutôt de nature à faire ma p’tite affaire. S’adapter à une nouvelle nourriture, aux consignes de la maison. Soit dit en passant, c’est très bien à la Résidence Seigneur Lepage mais à 85 ans, je suis encore très autonome et j’ai dû changer un peu mes habitudes.»

Dans sa chambre, un poster de lui en action lui rappelle des souvenirs de la belle époque où il s’amusait sur les patinoires. Son sac de golf est toujours bien visible dans la pièce, laissant sous-entendre qu’il entend aller disputer quelques rondes au Golf des Saules l’été prochain. «Honnêtement, je me sens bien pour mon âge. Je ne me considère même pas vieux encore.»

Tous les soirs, après le souper, il va prendre sa marche en ville, c’est un rituel. Il apprécie d’autant plus vivre dans une résidence située au centre-ville de Rimouski. Il ne refuse jamais une invitation de son gendre pour assister à un match de l’Océanic, où il croise généralement quelques amis et échange avec eux de bons souvenirs.

Comme bien des gens de sa génération, il n’est pas un adepte des réseaux sociaux et encore moins de l’ordinateur. «Ce n’est pas pour moi, dit-il. Je ne suis pas assez bon pour ça, c’est trop compliqué!»

Bien qu’il ait mis un peu de temps à s’adapter à son nouvel environnement, puisque la coupure avec Matane n’a pas été facile, Monsieur Yvon se dit privilégié d’être en bonne santé, à son âge, et de pouvoir profiter de son autonomie. Et parfois, la vie peut aussi nous réserver son lot de belles surprises.

Sportif un jour, sportif toujours, même si le coup de patin ou la «drive» au golf ont déjà été plus fluides. Quelques-uns de ses souvenirs ornent la tête de son lit et il garde en mémoire les plus beaux moments de sa vie. Lorsque la neige sera fondue, il retournera possiblement sur le terrain de golf avec ses amis.