dolores-cyr

Longtemps impliquée dans l’AFEAS

«Je n'ai jamais perçu un chèque de paie» - madame Dolorès Cyr, 86 ans

Par Jean-Claude Leclerc, blogue «Muffin et Café»

Dans ce que j’appellerais la «tournée du propriétaire», je découvre jusqu’ici des gens extraordinaires qui ont choisi la Résidence Seigneur-Lepage, comme milieu de vie. Des gens comme Mme Dolorès Cyr qui, à 86 ans (elle est fière de dévoiler son âge), se dit choyée par la vie et surtout reconnaissante envers le Seigneur d’être en aussi bonne santé.

Elle prend toutefois le temps de me révéler un petit secret à l’effet qu’elle a été victime d’un léger infarctus, à 85 ans, qui nécessita finalement son hospitalisation pour une quinzaine de jours à l’hôpital de Rimouski. «Curieusement, me lance-t-elle avec un petit rire, lors de ma rencontre avec elle à la résidence, je n’ai rien ressenti et je me porte très bien aujourd’hui.»

Comme bien des familles de cette époque, c’est sur une ferme de Saint-Valérien qu’elle a vécu ses premières années, issue d’une famille de 10 enfants, dont six garçons. «Mon père est malheureusement décédé trop jeune, à 51 ans. À l’époque, dit-elle, il fallait qu’on se prenne en main pour subvenir aux besoins de la famille et soutenir notre mère dans les tâches quotidiennes, jusqu’à ce que l’un de mes frères prenne la relève sur la ferme.»

Mme Cyr a vécu durant 74 ans à Saint-Valérien jusqu’à ce qu’elle décide, conjointement avec son époux, Éloi Cimon, malheureusement décédé en septembre 2016, de déménager «en ville», pour des raisons de sécurité. «Je me rappelle de notre première voiture, une Studebaker avec le démarreur au pied. La belle époque!» Après avoir quitté Saint-Valérien, Mme Cyr et son mari s’installèrent sur la 2e Rue durant quatre ans avec leur fidèle ami, leur chien GORGI. «Nous avions une passion commune pour les animaux et surtout pour les chiens», relate-t-elle. Et c’est toujours avec émotion qu’elle parle de son époux et de leur vie.

«Éloi et moi étions des passionnés de musique. Moi je jouais de l’accordéon, du violon, de la musique à bouche et lui, de la guitare, et nous avons eu le bonheur de jouer dans plusieurs soirées et mariages. J’ai toujours mon accordéon», dit-elle, prenant même le temps de m’en «pousser» une durant quelques minutes. On peut dire qu’elle n’avait point l’air d’avoir perdu la main.

Petite anecdote pour vous révéler que Mme Cyr, tout au cours de sa vie, n’a jamais perçu le moindre salaire. C’est assez exceptionnel. «Ma vie, dit-elle, je l’ai consacrée au bénévolat. À la Fabrique, à aider le curé Jean-Yves Leblond, à donner généreusement du temps à l’AFEAS durant plusieurs années, dont deux à titre de présidente régionale. Éloi m’avait dit un jour qu’il souhaitait que je fasse ce que je voulais de ma vie. Éloi travaillait à l’extérieur en foresterie. Son emploi avait bien failli lui coûter la vie d’ailleurs, à la suite d’un accident majeur, et il se retrouva en réadaptation durant plusieurs années au Sanatorium de Mont-Joli. Comme nous n’avions pas d’enfant, ma vie, je l’ai consacrée à aider les autres et j’en suis particulièrement fière», ajoute cette dame généreuse de son temps qui fut sans l’ombre d’un doute une femme de tête très active au sein de l’AFEAS, tel qu’elle le mentionnait plus haut. «Des années merveilleuses pour moi, la condition féminine dans la société me touchant particulièrement.»

Comme tout le monde en résidence, elle a été particulièrement touchée par la COVID. «Des moments difficiles pour moi. Un membre de ma famille est décédé à la Maison Marie-Élisabeth sans que j’aie la chance de le voir une dernière fois. C’est triste.»

Mme Dolorès me parle avec fierté de ses trois sœurs encore vivantes et en bonne santé, âgées respectivement de 92, 90 et 87 ans. Faut-il croire que la santé, c’est une affaire de famille?

Se définissant comme une femme indépendante, elle a encore ses petits caprices à son âge, mais on peut lui pardonner sa passion pour les… bonbons !

Seule, elle vit dans un environnement qui lui plaît, qui répond à ses besoins. «J’ai tout ce qu’il me faut, dit-elle, surtout la santé!»

Bref, j’ai rencontré une dame merveilleuse qui ne fait vraiment pas son âge, probablement parce qu’elle ne s’est jamais préoccupée du négativisme véhiculé dans la société. Longue vie à vous, Mme Cyr!