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L’art de bien vieillir à 93 ans, la recette de madame Jeanine Saint-Onge

Par Jean-Claude Leclerc, blogue «Muffin et Café»

Lorsque la direction de la Résidence Seigneur Lepage m’a proposé de rencontrer des résidentes et résidents de la maison afin que nous puissions partager ensemble quelques-unes de leurs plus belles tranches de vie, j’ai accepté parce que ça correspondait exactement à mes valeurs personnelles, ma philosophie de la vie, avec toute l’importance que revêt le terme bien vieillir dans la dignité!

Nos parents, nos aînés, celles et ceux qui nous ont élevés et qui ont tracé la route au fil des années ont acquis depuis longtemps le privilège de vivre dans le respect, dans la plus grande dignité, un droit qu’il faut respecter!

Dans mon métier, je n’ai pas tous les jours le bonheur de rencontrer des gens tels que Mme Jeanine Saint-Onge, 93 ans, née en 1930 dans la petite municipalité de Saint-Alphonse, en Gaspésie, tout près de Caplan. Une femme extraordinaire, passionnée de tout, un p’tit brin curieuse même, dotée d’un bon sens de l’humour.

Tout en insistant pour que je l’appelle amicalement par son p’tit nom, Jeanine, le mot qui est revenu le plus souvent dans notre conversation, c’est le mot : bonheur. «J’ai 93 ans, dit-elle, et lors du passage à Québec de l’un de mes neveux, André, qui réside à Toronto, nous avons souligné ça au champagne! C’est plus simple d’accepter de vieillir et le bonheur s’est transporté chez l’une de mes nièces, Hélène, et son conjoint André, des gens charmants qui demeurent dans leur résidence à Sacré-Cœur. Des moments qui nous permettent de vieillir avec nos p’tits bonheurs!»

Mme Saint-Onge, ou devrais-je plutôt dire Mme Jeanine Saint-Onge Leclerc, a grandi sur la terre familiale avec ses trois sœurs, avant de quitter la maison pour le pensionnat. «À l’époque, dit-elle, on allait en pension chez les Sœurs de la Charité à Carleton.» Ce fut ensuite chez les Ursulines à Gaspé avant de compléter l’équivalent de la 12e année à New-Carlisle. «J’ai travaillé comme animatrice à la radio. Une sorte de vie d’artiste quoi!»

À 18 ans, elle a quitté sa Gaspésie natale pour aller suivre son cours d’infirmière à Québec. «J’aurais pu y poursuivre ma carrière, je suis parfaitement bilingue. On me considérait même comme un spécimen», dit-elle en riant de bon cœur.

C’est avec son diplôme d’infirmière en main que Mme Jeanine décida de revenir dans la région qui l’a vue naître, où un emploi dans son domaine l’attendait à l’Unité sanitaire de New-Carlisle (les unités sanitaires sont devenues les fameux CLSC). «J’y ai passé quatre merveilleuses années de ma vie.»

Petite anecdote savoureuse relativement à son travail : «À l’époque, je ne savais pas conduire une automobile mais en raison de mon travail, je devais me déplacer un peu partout pour soigner les gens, leur prodiguer les premiers soins. J’ai finalement appris à conduire avant même d’avoir mon permis. On m’appelait l’infirmière visiteuse!»

Comme il lui fallait effectuer ses déplacements avec son propre véhicule, c’est au volant d’une rutilante Ford 1951 décapotable que Mme Saintonge allait visiter ses malades.

Elle tient à rappeler que les liens étaient tissés très serrés avec ses trois sœurs dont l’une était également infirmière tandis que les deux autres avaient suivi leur cours en enseignement ménager.

SON JEAN-BAPTISTE

Le bonheur total, un bel emploi, c’est la recette idéale pour se trouver un «chum». Un jour, un certain Jean-Baptiste Leclerc entra dans sa vie. «Disons que notre première rencontre ne m’avait guère impressionnée. Ce que je recherchais à ce moment-là chez un homme, c’était la sincérité, la tendresse et l’affection.»

Par la suite, elle a découvert chez son homme les bonnes valeurs puisque leurs fréquentations ont mené à un grand mariage, le 17 septembre 1955 à Nouvelle, en Gaspésie. De leur union sont nés deux fils, Jean et Bernard. Ce dernier est malheureusement décédé en 2020.

Grande amie de l’ancien ministre Gérard-D. Lévesque, notre vénérable dame mentionne que la vie n’a pas toujours été facile, surtout à la suite du décès de deux de ses sœurs. Elle a dû prendre par la suite sous son aile les neveux et nièces.

Jusqu’au jour où Jean-Baptiste et Jeanine décidèrent de quitter leur château fort de la Gaspésie pour venir vivre ici, à Rimouski, en 1976. En faisant vite le calcul, elle vit ici depuis maintenant 47 ans.

À la suite du départ de son mari et de son fils Bernard, elle a décidé d’aller vivre en résidence et elle arrêta finalement son choix sur la Résidence Seigneur Lepage. «Difficile d’avoir une meilleure qualité de vie, explique-t-elle. MM. Jean-Guy Ouellet et Gaston Gendreau sont des gens extraordinaires et j’en profite pour témoigner toute ma reconnaissance à la direction ainsi qu’à celles et ceux qui veillent sur nous, durant cette dernière étape de notre vie. Pour bien vieillir, il faut aussi faire notre part, voir la vie de façon positive. Ce qui nous donne une propension au bonheur.»

Jusqu’à la semaine dernière, malgré son âge, elle assumait la présidence du comité des résidentes et des résidents. «À mon âge, c’est le temps de passer ça à un autre!»

Profiter des petits bonheurs de la vie, c’est ce que Mme Jeanine Saint-Onge Leclerc souhaite de toute son âme, entourée de bonnes personnes dans un environnement où il fait bon vivre dans la dignité et le respect!